L’accouchement à travers l’Histoire

Des peurs d’un passé révolu

Jusqu’au XXe siècle les risques liés à l’accouchement sont élevés : les conditions d’hygiène sont sommaires, les grossesses nombreuses, peu surveillées, mal respectées, et les femmes peu ou mal informées sur la grossesse et l’accouchement. D’après plusieurs recherches, le taux de mortalité maternelle variait entre 8 et 17 %, et pouvait atteindre 20 %.  Pendant longtemps, l’accouchement ne fut pas considéré comme étant du ressort du médecin mais de l’accoucheuse, de la matrone ou de la sage-femme. La sage-femme ou le médecin (quand ils étaient présents) ne disposaient pas de tous les moyens modernes efficaces de surveillance avant et pendant le travail.

 

Des découvertes clés pour la santé en générale

Au XIXe siècle avec les découvertes des microbes et de l’antisepsie, la santé s’améliore considérablement. Cette observation conduira à la mise en place de règles d’hygiène notamment dans les hôpitaux qui deviennent de véritables structures de soins organisées. En parallèle, les progrès des techniques médicales et l’invention de nombreux instruments assoient le statut de la médecine hospitalière qui s’organise en spécialités médicales, dont l’obstétrique puis plus récemment la pédiatrie et enfin la néonatalogie.

 

1ère moitié du XXe siècle : migration vers les hôpitaux

Au cours de la première moitié du XXe siècle, les hôpitaux accueillent de plus en plus de femmes et non plus seulement les indigentes. Les techniques de césarienne deviennent plus sécures et efficientes grâce aux antibiotiques et aux anesthésiques. En 1950, 45 % des accouchements se font encore à domicile, mais la création de la sécurité sociale et de la protection maternel et infantile vont finir d’amener les femmes à accoucher à l’hôpital.

En parallèle dans les années 1930, la profession des sages-femmes traverse une « crise identitaire » avant de s’institutionnaliser et d’intégrer majoritairement le corps hospitalier.

 

2nd moitié du XXème siècle : la fin de l’AAD ?

À partir des années 1960 en France, l’immense majorité des femmes sont encouragées à accoucher à l’hôpital. Les raisons sont diverses et pas toutes d’ordre médicales. Le personnel médical devient réticent à pratiquer au domicile et redoute les transferts en urgence à l’hôpital préférant essayer d’organiser, anticiper et diriger les naissances. Du point de vue sociétale, la transformation du mode de vie et de l’habitat encense la modernité et certains courants féministes défendent cette médicalisation de l’accouchement vue comme une « prise de contrôle » par la femme de son corps au moyen de la technique.

Les accouchements programmés à domicile représentent alors moins de 1% des naissances. Pour autant des sages-femmes continuent de les accompagner mais la loi Kouchner de 2002, rendant obligatoire la souscription d’une assurance responsabilité civile professionnelle, apporte un dernier coup de semonce à cette pratique. En effet les assureurs français, contrairement aux autres assureurs européens, refusent d’assurer les sages-femmes pour cette pratique.

 

XXIe siècle : l’alliance de la modernité et du respect de l’intime?

Malgré le climat délétère, la demande des familles est toujours présente et augmente même depuis le début des années 2000. Ceci s’explique de plusieurs manières.

Les accouchements assistés à domicile modernes n’ont plus rien à voir avec ceux pratiqués avant l’apparition des antibiotiques, des ocytociques et des techniques obstétricales modernes.

Les sages-femmes accompagnants les naissances à domicile disposent désormais de matériel et médicaments, ainsi que d’une formation solide, leur permettant, tout comme leurs consœurs hospitalières, de dépister les pathologies. Elles peuvent ainsi transférer leurs patientes vers les soins hospitaliers en cas de besoin et assurer la prise en charge des urgences en attente de ce relais de manière efficiente. De plus, les nombreuses études et la médecine basée sur les preuves (evidence based medecine), leur permettent de sélectionner des femmes dites à bas risque afin de limiter les urgences. Ces données permettent également de mieux connaître les facteurs favorisant la physiologie de la naissance et le maintien en santé.

En parallèle, les usagers prennent désormais une place importante dans le champ de la santé. Les citoyens sont de plus en plus éclairés en matière de connaissances scientifiques, de plus en plus critique sur la relation asymétrique médecin-patient. Ils amènent des changements profonds sur les conditions de la naissance en France

La technicisation de la naissance est aujourd’hui contestée autant par la recherche médicale internationale que par les usagers. De nombreux travaux montrent en effet que la plupart de ces interventions (rupture de la poche des eaux, administration d’hormones accélérant le travail, monitoring en continu, épisiotomie, césarienne, etc.) ne présentent pas d’avantages décisifs et, à l’inverse, entraînent des conséquences négatives sur la santé de la mère et de l’enfant. Cela commence à être reconnu en France, mais notre pays présente un retard d’environ 30 ans par rapport aux nord américains et nord européens par exemple.

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